Missive, missive, ô douce missive...

Une fois la quête acceptée, je me mis à courir dans les plaines. Les mêmes magnifiques plaines que j'avais vu hier pour affronter des mobs, et les mêmes que je verrais demain. J'étais partit tôt ce matin, après mon déjeuner. Mais il était déjà à présent dix heures. Effectivement, j'avais dû faire nombres de détours pour ne pas affronter de créatures. Je n'en avais aucune envie. Je voulais rapidement gagner de l'expérience, et depuis mon expérience traumatisante avec le sanglier d'hier, devenir plus fort était ma seule préoccupation.

J'arrivais enfin devant la maison qui m'avait été indiqué. Un fleuve passait par là. Il était magnifique. Son eau était très clair. On aurait tout simplement dit le ciel dégagé sans aucun nuage. Ce monde là était vraiment trop parfait, un monde ou soit disant tout se passait bien mais ou l'on pouvait mourir à chaque instants. Je bus une gorgée de se fleuve, ma gorge étant desséchée, puis je toquai à la maisn avant d'entrer

- Excusez-moi de vous déranger, j'ai une missive à vous délivré.

J'ouvris l'interface de mon inventaire et fit apparaître la lettre dans ma main. Lettre qu et je tendis à la belle demoiselle en face de moi. Brune, jeune, longs cheveux, et de belles formes sur tout son corps. L'image de la femme parfaite. Et je suppose que ce cliché sera total : elle aura un caractère de cochon.

Mathilde haussa un sourcil. Elle était en train de faire la cuisine, et avait son rouleau à pâtisserie dans la main, menaçante. Elle lut rapidement la missive, et son visage devint rouge de colère.

«Si ce lâche veut me dire quelque chose, qu'il vienne me le dire lui-même ! Envoyer un aventurier pour ce genre de choses... Rah ! Toi, si tu veux être dédommagé pour ta peine, va me récupérer des Baies d'Artha, au nord d'ici. Les buissons sont rouges, et les baies noires comme la nuit. Une vingtaine devraient suffire. Et plus vite que ça !»

J'en étais persuadé. Il s'agissait d'un énorme cliché. La femme fatale se révélait avoir un caractère de cochon. Et comme je m'en doutais, les quêtes sur Sword Art Online, surtout rapportant une aussi grosse récompense, n'étaient jamais simple. Elle m'engueula et me demanda d'aller lui chercher des baies. La lettre disparut en une avalanche de pixels tendit qu’une nouvelle fenêtre apparut : La suite de la quête. Mais cette quête cachait beaucoup de choses : Beaucoup d'xp et un objet inconnu. Je savais qu'il fallait faire vite. Et je savais qu'il y aurait certainement un combat. L'indicateur de niveau était trompeur. Mais je ne pouvais pas abandonner.

Je fis glisser mon doigt sur le rond bleu, indiquant que j'acceptais la suite de la quête. J'ai vraiment été sot de ne pas avoir acheté de consommables de soins. Mais il était trop tard. Et même si je mourais, je n'avais pas le choix. Je mourrai sans regrets, en ayant donner le meilleur de moi-même.

Le trajet pris une bonne demie-heure. Je suivais le fleuve vers le haut, toujours vers le nord. Puis je vis ce que la jeunne femme PNJ m'avait demandé. Des buissons rouges possédants des baies noires. J'observais tout autour de moi si jamais il y avait un danger quelconque. N'ayant rien vu, je m'avançais sur les arbres. Je touchais les baies et confirmait le message sur la fenêtre qui venait de s'ouvrir. Je n'avais plus qu'à attendre la récolte.

Alors que je touchais le buisson de baies, un sanglier m'attaqua. Pour mon plus grand bonheur, il était jeune, faible, et de niveau un. Il avait encore du noir autour de la bouche. Ce sanglier des Landes devait certainement être en train de manger les baies D'arthia, et j'avais du l'interrompre. Mais je n'avais aucune pitié. Ce n'était qu'un tas de pixels. J'eus tout de même un coup au coeur. Même si ce n'était qu'une intelligence artificielle, je n'aurais pas eus le courage de faire ça dans la vraie vie. Tuer un animal qui ne cherchait qu'à se nourir...

Néanmoins je n'eus pas le temps d'esquiver. Sa nature neutre était passée à Agressive. Il devait se sentir en danger, voir agresser. Je m'émerveillai encore une fois de l'intelligence du système et ne ressentis qu'à peine le choc. Par rapport au sanglier de niveau deux que j'avais affronté la veille, il était plutôt faible. Je dégaina Sword et visa le flanc du mob. Je profitai de cet instant pour voir si un objet de l'environnement aurai ou m'être utile. La veille, de gros doutes pesaient sur moi. Maintenant, j'étais sûr. Je devais survivre.

Mon attaque fit magnifiquement mouche. Le sanglier qui m'avait préalablement chargé se prit une attaque de plein fouet. Il perdit environ un tiers de sa jauge de vie. Les combats m'arrachaient tout de même le cœur. Je ne comprenais pas pourquoi des sangliers, animaux qui tentaient juste de se repaître. Pourquoi ne pas nous montrer des animaux ne possédant rien d'humain ?

Le sanglier des landes fonça tout de même sur moi. Je pus lire ses mouvements et sautai à droite au dernier moment. Ses cornes s’enfoncèrent dans un arbre. Je pris mon courage à deux mains et tentai de taillader le dos du monstre qui me faisait face.

- Je suis désolé...

Je ne pus m'empêcher de rire intérieurement. La veille, j'avais échappé de justesse à la mort face à un sanglier d'un niveau deux, mais j'avais infligé un coup critique et une esquive, ce qui me permis de rester en vie. Par rapport au dur combat d'hier, celui contre ce sanglier de niveau inférieur me paraissais extrêmement facile. Je décidai néanmoins de rester sur mes gardes, refusant de mourir pour une bête erreur d’inattention.

Mon coup à la taille réussit merveilleusement bien et infligea de gros dégâts au sanglier des landes. Au fil du combat, mes réticences s'envolaient. Je pensais au début que c'était un être vivant, un simple sanglier qui cherchait à se nourrir. Mais au fur et à mesure du combat, son intelligence diminuait. Il attaquait comme un slime dans un autre jeu. Ce n'était plus qu'un gros tas de pixels dans un monde virtuel.

Ne me laissant pas l'avantage, il riposte de suite. Son sabot frottant l'herbe si parfaite fit résonner un bruit sourd en me chargeant à pleine vitesse. Je ne pus esquiver le coup, et reçus un choc puissant dans mon bras droit, ce qui m'infligea une vive douleur. Je pris l'épée dans mon autre main et visa le cou de mon adversaire en lâchant un gros râle.

- Raah !

Mon coup réussit à la perfection. La gorge du sanglier des plaines reçut un trait, des pixels manquant apparaissant. Sa tête roula à mes pieds. Sa barre de vie tomba à zéro. Il tombait en arrière, et les deux parties distinctes de son corps s'évanouirent en une tempête de pixels bleus et rouges. Je ne pus m'empêcher de rire. Le système était réellement génial. Si l'on visait le cou alors que la jauge de vie était encore présente, il ne se passait pas grand-chose, juste une petite entaille infligeant des dégâts, tandis que si la jauge de vie tombait à zéro, le mob était purement et simplement décapiter.

Je riais quelques instants, évacuant le stress du combat. Je me ressaisis ensuite et m'assis quelques instants, reprennant mon souffle. Je ne savais pas si mon corps haletait vraiment, mais je pensais que non. Après tout, toutes ces informations étaient directement dans le cerveau, et le corps ne devait pas éprouver le besoin de respirer bruyamment, tandis que l'avatar si.

Je me relevai quelques minutes après quand ma jauge de vie remontait au maximum. Je touchais de nouveau les baies, et touchai le message de confirmation. Je mènerai à bien cette quête coûte que coûte.

- Et bien voilà, à moi les baies !

Je touchai les baies. Un message apparut, me demandant si je voulais cueillir. J'appuyai sur le rond bleu permettant de valider, puis pris les baies. Si j'avais essayé de les cueillir directement, un message m'indiquant que l'objet était immortel serait apparut. Mais là, je pus observer les baies et les cueillir une à une, autant que mon niveau me permettait, c'est à dire les vingts baies dont j'avais besoin. Je tentais de prendre uniquement les plus belles baies. Une fois mon opération achevée, un second message apparut, m'informant que je venais de gagner un nouveau niveau dans la compétence cueillette, puis un troisième m’informant de la suite de la quête.

Je retournais à présent sur mes pas, tentant de retrouver la maison de la jeune femme prénommée Mathilde. Je n'avais aucune envie de revoir cette mégère, mais trop d'argent et d'expérience étaient en jeu. Je pris donc le chemin le plus court, indiqué par ma carte. Je la retrouvais facilement grâce à la rivière. Je toquai à la porte de la maison, puis pénétrai à l'intérieur sans même attendre. Je regardais d'un air mauvais la PNJ quelques instants, puis la pointa du doigt, me demandant si je voulais lui donner les vingts baies. J'acceptai et attendis sa réaction, espérant quelle soit un peu plus réceptive et de bonne humeur que la dernière fois.

- J'ai mené votre quête à bien, voici vos baies.

Mathilde semblait attendre Qazea. Elle tapotait du pied et lui adressa un regard noir, les bras croisés.

« T'en as mis du temps ! T'es pas beaucoup plus débrouillard que l'autre tanche, dis-moi. Et regarde moi les baies que tu m'as ramenée, c'était sans doute pas les plus belles que tu pouvais me dégoter. M'enfin, ça suffira, cette bonne Mathilde a l'habitude de rattraper les erreurs des flancs de votre espèce.»